Communication

L’architecte et les autres

Oriane DEVILLE, architecte dplg, en charge du séminaire « Acteur de l’environnement professionnel - donneurs d’ordres, modes et outils de communication » à l’ensapBx.

Un des derniers séminaires mis en place dans la formation HMONP(1) des architectes DE(1) traite du thème de la communication dans une approche transversale. En trois jours, y sont abordés : la communication de l’agence, le dialogue avec la maîtrise d’ouvrage publique et comment l’architecte-citoyen se saisit des outils des politiques urbaines de la ville, les interprète pour argumenter ses projets.

Le choix des intervenants participe à la dynamique. Graphiste, chargé de communication digitale, architecte maître d’ ?uvre, chargé d’opération représentant la maîtrise d’ouvrage, élu, architecte conseil de la ville… contribuent à travers leurs témoignages et leurs expériences, à intégrer les enjeux de la communication selon des critères plus ou moins codifiés.

Des supports de l’identité visuelle à la multiplication des nouvelles technologies de l’info.com, un panorama de ce qui existe est énoncé. Chaque étudiant-architecte a son avis sur la question, majoritairement « nés avec », ils choisissent ce qui leur correspond, même si chaque outil a sa spécificité d’expression. La finalité est plutôt de rendre compte de l’évolution des médias et des méthodes employées pour atteindre les objectifs qu’on s’est déterminés au sein de l’organisation de l’agence. Rien n’est plus défavorable à la communication que de faire des annonces sans suite, mieux vaut réviser ses objectifs et s’en donner les moyens.

Lorsqu’on parle de communication, les relations maîtrise d’ouvrage/maître d’oeuvre ne sont souvent pas assez maîtrisées, spécifiquement dans la commande publique très réglementée. Les acteurs sont définis dans leur organisation afin de détailler le dialogue entre la maîtrise d’ouvrage porteur du dessein de la collectivité et la maîtrise d’oeuvre, porteur d’un projet architectural, urbain et paysager, de la phase candidature jusqu’à la fin d’une opération.

L’intégration des critères de pondération, à la négociation lors d’une offre de maîtrise d’oeuvre, la justification du budget de l’opération… ces exemples sont abordés. Ces échanges doivent être compris dans l’objectif d’un ouvrage de qualité.

De la parcelle à la ville, l’intervention de l’architecte implique une lecture élargie et la connaissance des politiques urbaines en perpétuelle évolution. Si l’urbanité est la construction collective des relations sociales et du milieu qui l’exprime et la favorise(2) , elle est ici abordée dans l’écriture du PLU. Sans règles pas de jeux, les ouvertures et les possibilités sont dans la réglementation même. Il faut apprendre à les lire pour savoir les interpréter et être un acteur lisible dans sa communication des choix opérés, dans l’argumentation des projets présentés en fonction du contexte.

Le concepteur est dans le champ des prestations intellectuelles avant de donner une réalité à l’ouvrage. Qu’il puisse rassurer sur ses capacités et instaurer la confiance indispensable à la réalisation d’un ouvrage qui n’existe pas encore, impliquent la maîtrise du processus de communication, d’échanges et de dialogue.

1 HMONP : Habilitation à la Maîtrise d’ ?uvre en son Nom Propre. DE : Diplômé d’état.
2 Lucien Kroll, « Tout est paysage », 2001, Sens & Tonka, éditeurs.

n°44 - automne 2019
(PDF - 2.1 Mo)