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Cooking the world, Subodh Gupta

Patrick VETTIER, architecte.

C’est à partir du 12 octobre prochain et pour 3 mois, la durée de « Traversées », installation d’oeuvres contemporaines dans des lieux emblématiques de Poitiers, que la Maison de l’Architecture de Poitiers sera l’hôte de l’artiste indien Subodh Gupta.

Subodh Gupta, né en 1964, est un artiste indien contemporain de renommée internationale vivant à New Delhi.

Gupta conçoit l’exposition comme un lieu propice à la rencontre, aux discussions, échanges et débats, à l’image du mot et concept hindi « Adda ». Figure emblématique d’un art contemporain indien en pleine vitalité, Gupta s’inspire du quotidien ritualisé de son pays où l’imbrication de la tradition et de la modernité est manifeste.

Au coeur de ses oeuvres sont les objets qui font le quotidien de millions d’Indiens, les ustensiles de cuisine en acier inoxydable, le seau à eau, le pot au lait, la vache et ses bouses. Son oeuvre la plus connue, Very hungry gods, est composée de tous ces matériaux.

Outre la diversité des matériaux, l’oeuvre de l’artiste se caractérise par une constante exploration des rituels et de la spiritualité au sein de notre quotidien.

C’est à partir de ce quotidien qu’il mène une réflexion sur des pratiques personnelles et communautaires, et aussi sur la façon dont certains objets et expériences intimes, apparemment insignifiants, amènent vers une autre dimension, celle du cosmos.

Cette installation est aussi une oeuvre relationnelle. Des ustensiles de cuisine en aluminium suspendus avec des fils de pêche transparents composent une maison. Mis au rebut, ils témoignent d’histoires individuelles et de récits d’utilité passée. Ensemble, les ustensiles renferment un nouvel espace rituel collectif, à la fois allusion à des destins subjectivement vécus ; à des destins cosmologiques communs.

Cette installation, s’accompagne d’une performance culinaire dans laquelle des plats préparés par l’artiste sont consommés par le « spectateur ». Gupta explique qu’il aime la familiarité de ces ustensiles de cuisine usagés qui lui rappellent son enfance où il aidait sa mère à cuisiner.

À l’ère de la migration et des déplacements, d’une intolérance croissante de l’autre, les travaux de Gupta sur les rituels et le symbolisme de la consommation prennent de plus en plus d’importance.

Dans les cultures occidentales, la notion de rassemblement autour d’une table indique un sentiment de lien familial et d’intimité dans le partage d’un repas, une coutume encore plus prononcée dans les communautés indiennes anciennes et contemporaines. La diversité des groupes religieux et culturels va de pair avec un éventail de restrictions alimentaires et de spécialités culinaires régionales. Offrir et partager un repas constitue le meilleur indicateur de l’inclusion et de l’acceptation dans une communauté.

Cooking the world a été présentée en 2016 à la Biennale de Singapour et en 2017 par la galerie Continua San Gimignano and Hauser & Wirth (Zurich) dans le cadre d’Art Basel.

Du samedi 12 octobre au dimanche 19 janvier, à la Maison de l’Architecture de Poitiers.

www.traversees-poitiers.fr

n°44 - automne 2019
(PDF - 2.1 Mo)