ARCHITECTE ET... DESSINATRICE

L’illustration

Magali CHUPEAU-LEGOFF, titulaire du diplôme d’architecte DPLG et illustratrice, gérante du studio Lili l’archi.

Pour s’affranchir de la pesanteur.

J’adore plus que tout dessiner : depuis toute petite, je croque les paysages qui m’entourent, les bâtiments et puis celles et ceux qui les habitent.

Je suis de cette génération d’architectes à cheval sur deux mondes : les deux premières années de mes études ont été axées sur le dessin à la main. L’odeur des Rotring et le bruit de la lame de rasoir sur le papier calque ont clairement bercé cette période de ma vie !

Puis les outils informatiques sont petit à petit devenus indispensables, offrant un tout nouveau champ des possibles à explorer.

Salariée en agence, j’ai adoré mettre ma créativité au service d’une signature. J’y ai concrètement appréhendé l’ensemble des nombreuses étapes qui jalonnent la création d’un projet, me faisant réaliser tout le chemin parcouru pour aboutir au miracle d’un bâtiment qui sort de terre.

Mais au bout de quelques années s’est fait sentir la nécessité de dessiner à nouveau sans contraintes, sans pesanteur : l’envie de retrouver le plaisir simple d’un trait de crayon sans conséquence, comme un retour à l’insouciance de l’enfance.

L’arrivée des réseaux sociaux et des blogs a représenté un vrai tremplin pour publier et promouvoir mon travail. C’est entre autres grâce à cela que j’ai été repérée pour réaliser différentes commandes, notamment l’illustration d’une BD (N.D.L.R. : « Ma grossesse, tout le monde s’en mêle », aux éditions Des ronds dans l’O, l’histoire d’une jeune architecte qui tombe enceinte).

Mon écran d’ordinateur n’est alors plus seulement le lieu de résolution de problèmes, il devient une fenêtre sur la profession au sens large et me permet, avec humour, de prendre de la distance avec les contraintes quotidiennes.

Aujourd’hui, je dessine toujours énormément : pour moi, bien sûr, mais aussi pour des architectes qui souhaitent retrouver des dessins plus
« sensibles », lors de concours par exemple, en complément des perspectives standardisées faites par ordinateur.

Mon activité d’illustratrice me permet de rencontrer des profils très différents, gravitant tous autour d’une même passion : l’architecture. Car si cette discipline a par essence besoin de nombreux talents pour exister (architectes, mais aussi promoteurs, ingénieurs, artisans...), l’illustration en ouvre les portes encore plus grand : institutions, musées, journalistes, communicants, habitants et usagers...

Elle est aujourd’hui devenue indispensable et complémentaire à mon activité d’architecte en l’enrichissant : me contenter de l’une ou de l’autre serait comme marcher sur une seule jambe.

Dessiner pour construire et dessiner pour sourire : j’ai trouvé là mon équilibre.

n°49 - hiver 2020