Appel

L’appel aux architectes de France Nature Environnement.

Antoine Gatet, juriste environnement, administrateur de France Nature Environnement.

Les architectes, regroupés collectivement dans le cadre de leur Ordre, constituent une catégorie de ce qu’on nomme « la société civile organisée ». La société civile organisée constitue le premier et le principal contenu de ce que l’on nomme « le public » au sens juridique du terme (convention internationale d’Aarhus sur la démocratie environnementale en particulier). Constitutionnellement, en France, « il est du devoir de chacun de participer à la protection de l’environnement » (Charte constitutionnelle de l’environnement) et c’est dans le cadre des organisations de la société civile organisées que se déroule le plus et le mieux cette participation à l’action publique.

La question n’est donc pas de savoir quel peut être le pouvoir des architectes vis à vis d’opérateurs privés, mais bien quelle est leur responsabilité dans la construction collective des décisions publiques en matière d’environnement : principalement celles des décideurs nationaux (Parlement, Ministères, établissements publics) et locaux (Préfets, établissements publics locaux, collectivités territoriales). Décisions qui encadrent aujourd’hui les actions des personnes privées dans l’objectif de la défense de l’intérêt général.

Les architectes ont des compétences essentielles qui doivent nourrir les décisions de l’ensemble de ces autorités publiques à tous les stades, de la planification de l’occupation des sols, aux autorisations de construire ou d’aménager. C’est donc avant tout auprès des décideurs publics, qui assurent l’encadrement des acteurs privés au nom de la défense de l’intérêt général, que la voix des architectes doit être portée. Au niveau des acteurs privés, ils peuvent aussi participer à l’éducation et à la formation des professionnels et des particuliers.

Les associations de protection de l’environnement du mouvement France Nature Environnement représentent 3500 associations locales en France, fédérées en associations départementales et régionales et regroupées dans l’association nationale FNE. Notre action est entièrement tournée vers la défense de l’intérêt général environnemental apolitique (au sens de la politique partisane) et indépendant des acteurs marchands (FNE est reconnue d’utilité publique et agréée au niveau national pour la protection de l’environnement). Nous conduisons des actions d’information, de sensibilisation, de gestion d’espaces naturels, mais également des actions de plaidoyer pour que soient correctement intégrés les enjeux environnementaux dans les décisions publiques (plaidoyer intégrant si nécessaire des actions contentieuses).

Nous disposons d’un réseau interne « Villes et Territoires Soutenables » qui regroupe des bénévoles membres de nos associations, compétents sur ces sujets, qui sont souvent par ailleurs des urbanistes, architectes. Ce réseau sert de base à la construction des positionnements et des actions de la fédération dans ce domaine. Le réseau « Transports et mobilités durables » gère également des sujets qui peuvent intéresser les architectes.

France Nature Environnement a une grande expérience des actions de formation et de plaidoyer et est assez écoutée (en attendant d’être véritablement entendue...), par les ministères concernés avec qui elle a toujours conservé sa liberté de parole.

Des actions communes entre FNE national, le réseau VTS notamment, ou ses fédérations locales et l’Ordre National des architectes ou les Ordres régionaux permettraient de construire collectivement des positions en matière de constructions et aménagements durables et de les porter auprès des acteurs avec une légitimité décuplée pour FNE comme pour les organisations d’architectes. FNE travaille déjà avec plusieurs organisations syndicales ou d’autres organisations de la société civile en ce sens, ce type d’ouverture et de partenariat constitue notre ADN.

Les associations de protection de l’environnement parviennent à sortir depuis plusieurs années de l’étiquette réductrice « d’écolos » que certaines organisations industrielles marchandes nous collent depuis longtemps pour décrédibiliser nos actions, actions qui par nature remettent en cause certaines de leurs logiques productivistes. L’évolution des organisations professionnelles vers plus de diversité et l’intégration des enjeux environnementaux par de plus en plus d’entre elles conduit aujourd’hui à diversifier les discours et donc à des organisations comme FNE à mieux travailler avec l’ensemble des acteurs de la société civile organisée, incluant des acteurs professionnels.

C’est donc au titre de notre volonté de construire collectivement les solutions de demain dans un objectif unique de défense de l’intérêt général environnemental, que j’ai porté, au nom de France Nature Envrionnement, cette proposition de partenariat lors des échanges du 30 avril.

Cette proposition est ici renouvelée.

https://www.fne.asso.fr/

n°47 - été 2020