La période aiguë de la crise sanitaire que nous traversons s’achève et j’ai une pensée émue pour toutes celles et tous ceux qui ont été, d’une manière ou d’une autre, frappés par la maladie. J’exprime aussi mon très grand respect à vous tous, architectes, qui avez massivement suivi les consignes sanitaires et pour beaucoup, participé à l’effort de lutte contre la propagation du virus. Votre implication a été exemplaire dans la difficulté car le confinement a fermé vos agences, arrêté vos chantiers et ouvert une période de troubles et d’incertitudes.
Et pourtant, des choses fertiles et prometteuses émergent. Le temps suspendu qui nous a ainsi été donné de vivre a eu un grand mérite : les architectes ont pu faire valoir leurs réflexions et prendre la parole sur des thématiques légitimes. Ces réflexions nourrissent fortement la prise de conscience sociétale en cours pour largement repenser nos modèles et croire en des lendemains qui feront sens. Les thèmes suivants sont récurrents :
→ Cette crise est évidemment une alerte supplémentaire sur la nécessité de relever au plus vite les enjeux environnementaux qui s’imposent à nous pour la fabrication d’une ville efficace et désirable, en lien de complémentarité avec les territoires ruraux..
→ Cette crise a mis en lumière l’obligation de production de logements modulables, disposant notamment de véritables espaces extérieurs. L’architecture concerne tout le monde. Des réflexions sont menées autour de nos lieux d’habitations.
→ Cette crise a posé la question des conditions même de production de l’architecture, à l’intérieur de nos agences bien sûr mais aussi dans la relation avec nos maîtres d’ouvrages, nos partenaires ou interlocuteurs.
Ces appels demandent à être développés pour ne pas rester simple littérature ou bon mot. L’Ordre souhaite véritablement accompagner cet élan.
Notre Conseil Régional s’est fortement mobilisé durant cette crise, nous, conseillers, avons maintenu un dialogue permanent, au niveau institutionnel comme interprofessionnel.
Convaincus que notre savoir-faire, nos expertises mais aussi notre ancrage réel sur le terrain étaient des atouts sur lesquels les élus pouvaient s’appuyer pour sortir de la crise, nous avons réussi à légitimer notre participation — alors que cela ne semblait pas une évidence — à tous les comités de concertation départementaux et régional mis en place par les préfets. Les architectes sont donc consultés et entendus. Les liens avec les pouvoirs publics et l’ensemble de la filière, resserrés ou créés, sont désormais entretenus, pour que notre profession soit plus justement représentée et intégrée aux processus décisionnaires.
Cette crise a aussi modifié l’agenda et le format des actions programmées. Ainsi, le séminaire sur la Transition Écologique prévu en 4 étapes évènementielles réparties sur toute la région, a été proposé en Web-Conférence. Car nous sommes plus que jamais convaincus de l’enjeu et de la nécessité de s’adapter. Ce format a reçu un accueil très favorable dépassant le premier cercle des architectes et créant de nouvelles passerelles. Il est essentiel de s’ouvrir à de nouveaux partenariats, de construire collectivement des actions dans l’intérêt public de l’architecture en intégrant les enjeux citoyens, sociaux et environnementaux. Ainsi nous mettrons en commun nos réflexions avec France Nature Environnement et La frugalité heureuse1 comme nous le faisons déjà avec l’Ordre des avocats, l’interprofession etc.
Parallèlement à la cellule de crise qui a été mise en place, nous vous avons soumis deux sondages dont l’analyse permettra de mieux connaître vos besoins et vos attentes. Nous restons à votre écoute !
J’adresse enfin de chaleureux et sincères remerciements aux permanents et élus de l’Ordre qui ont œuvrés sans relâche. Nous leur devons, d’avoir assuré la continuité des services et permis l’ensemble de nos actions.
Merci à eux. Merci à vous.
1 Le « manifeste pour une frugalité heureuse » rédigé conjointement par Dominique Gauzin Muller (architecte), Alain Bornarel (ingénieur) et Philippe Madec (architecte- urbaniste) a donné lieu à une dynamique collective concrète matérialisée par des groupes de travail territoriaux.
