Note de lecture

Dynamiques territoriales. Éloge de la diversité. Olivier Bouba-Olga.

Éditions Atlantique, 100 p., 2017, 10€.

avec la collaboration de Pascal Chauchefoin, Héloïse Chiron, Marie Ferru, Benjamin Guimond & Emmanuel Nadaud.

Dans quel contexte économique nos métiers d’architecte, de paysagiste, d’urbaniste évoluent-ils ?
Nos formations nous permettent de réaliser des diagnostics avec contraintes et atouts, définir des enjeux, imaginer des scenarii, partager des propositions avec les maîtres d’ouvrage, les politiques.

Ce petit livre d’économie a cette même approche de projet appliquée aux dynamiques territoriales. Je cite : « Analyser les contextes territoriaux, identifier les problématiques spécifiques auxquelles sont confrontés les acteurs, mettre en œuvre alors les politiques adaptées : faire du sur-mesure plutôt que du prêt à porter ». Je jubile. Pour en arriver à cette façon de faire, les auteurs ont dû dépasser la méthodologie actuelle et dominante en économie, à savoir celle du recours aux modèles : politique des SPL (Systèmes Productifs Locaux) des années 1990 puis politique des Pôles de Compétitivité, et dernièrement appui à des métropoles, qui ont conduit aux nouvelles régions…

Ils ont remis en cause les outils de l’économie : que signifie le PIB ? Comment est-il calculé ? Les retraités sont-ils pris en compte ou non ? L’économie n’est pas une science exacte, mais bien question de point de vue, aussi. « Si les salaires sont plus élevés dans le quartier de la Défense que sur le plateau de Millevaches, c’est sans doute moins parce qu’on est plus ‘productif‘ près de Colombes qu’à Eymoutiers : c’est juste que l’on n’y fait pas tout à fait la même chose. Mais on y fait des choses qui font « système », qui dépendent les unes des autres ».

Oui l’île de France concentre 80 % des 1 % et des 0.1 % des salaires les plus élevés de France, salaires issus de la finance. Ceci induit des différences de PIB entre l’Île de France et les Régions.

Les chercheurs sont partis de l’analyse de terrain : Pau, le plateau de Millevaches, le Sillon Lorrain. Ces exemples sont dans la continuité de leurs précédentes analyses sur le dynamisme des petites villes. Ils ont remis en cause l’a priori du « forcément, seules les métropoles créent de la richesse ».

De ces études de cas très diverses, ils ont pointé deux points communs :

— « Les politiques ne peuvent se réduire au développement économique, et sont liées aux politiques d’aménagement et de gestion du foncier d’une part, et des politiques d’emploi et de formation d’autre part. »

— « Sortir de la logique d’être le territoire « le plus » performant, mais se penser comme l’un des maillons d’un système socio-économique plus large, fait d’interrelations et d’interdépendances créatrices de valeurs ». Jouer avec, plutôt que contre.

Saisir la complexité de notre monde, nous donner une chance d’en connaître la diversité et penser notre lien aux autres. N’est-ce pas la définition première de l’écologie ?

n°45 - hiver 2019