édito

Wind of change ! Le temps du changement

Nicolas Merlo, secrétaire adjoint du CROA Nouvelle-Aquitaine

À l’heure où le politique semble vouloir reprendre la main sur la construction de logements, où référentiels, labels et manifestes font florès en favorisant plus souvent la plume de l’ingénieur à celle de l’architecte, arrêtons-nous un instant et regardons ce qui a été fait, ici, autour de nous.

Ce deuxième numéro du 308 + consacré au logement sera construit autour du «  bien faire  ». On vous parlera de dialogues, d’échanges, de parcours, de retours d’expériences, du duo maître d’œuvre/maître d’ouvrage et encore d’habitat participatif, de témoignages d’habitants ou de réhabilitation. Autant d’illustrations de nos pratiques architecturales en pleine évolution.

Ces derniers mois ont mis en lumière la dégradation de la qualité des logements construits ces dernières années, répondant avant tout à une économie de marché. (Rapport de l’Institut des Hautes Etudes pour l’Action dans le Logement [IDHEAL]), rapport Girometti-Leclerq, consultation «  Habiter la France de demain  »…). Or, les logements ne peuvent pas être des produits économiques au rabais, ils construisent nos villes et constituent notre cadre de vie.

Si un vent de changements souffle sur la construction de logements neufs, la réhabilitation semble véritablement être la voie à développer. Car le logement de demain est peut-être déjà là, sous nos yeux. Il conviendrait de valoriser les mètres carrés construits avant d’envisager des constructions neuves.

Alors que les villes moyennes regorgent de logements déclassés ou in-attractifs, les métropoles produisent du logement en grande quantité. Le concept de frugalité ne semble pas de mise pour l’aménagement du territoire ! Peut-être, enfin, vivons-nous la prise de conscience de l’indispensable rééquilibrage entre métropoles et territoires ?

L’écosystème complet est à revoir, les acteurs de la construction ne sont pas encore tous prêts pour ce qui touche à la réhabilitation et ses complexités. L’architecte est ici au cœur de ce processus, plus que jamais chef d’orchestre quand on parle de réparation.

Alors construire mieux, certainement, construire plus frugal évidemment ! La réhabilitation offre une voie vertueuse. Construire durable, plus grand, sortir de la spirale inflationniste des mètres carrés métropolitains, redynamiser nos villes moyennes et nos villages, lutter contre l’étalement urbain, tel pourrait ou plutôt devra être l’avenir du mieux habiter.

Et pour finir, j’aimerais parler d’un mot devenu tabou, d’une notion qui faisait encore il y a quelques années la fierté de notre profession. La Beauté ! Pauvre notion désuète dorénavant dissimulée derrière le millefeuille des chartes, des normes, et réglementations. Alors, au nom de notre engagement pour l’écologie, ne renonçons pas à la beauté !

N°53 - hiver 2021