ARCHITECTE ET... SCÉNOGRAPHE

Ou voyageur dans le temps.

Diane CHOLLEY, architecte DPLG, associée whyarchitecturee

J’ai toujours suivi les opportunités et les occasions. Je suis devenue architecte
car j’ai tenté le concours de l’école du Louvre à 17 ans, sans succès, et bien des années plus tard, j’ai dû assumer la mission de scénographe par un heureux hasard de rencontre. Être architecte c’est se rendre responsable
de la sécurité et du bien-être de l’humain. Ce titre est déjà un challenge en soi.

Mais être scénographe de musée c’est prendre conscience de la responsabilité
de transmission de la mémoire collective. Si une mesure conservatoire (humidité, PH, etc.) est mal gérée, alors l’artefact sera altéré, un lien culturel rompu, une tradition perdue, une mémoire collective oubliée.

Cette fonction me permet d’apprendre constamment l’Histoire avec un grand H.
Je me dois de devenir quali ée sur un terrain d’expertise très précis (Art et culture Kanaks et Calédoniens, installations portuaires ou bien Histoire des chemins de fer, etc.).

Mais la seconde spéci cité du scénographe est de raconter des histoires, gurer un récit pour porter le propos des experts. Je dois vulgariser une technique, une période historique et la traduire en couleurs, en matière, en lumière, bref : en émotions.

La scénographie restera toujours un voyage dans une allégorie, un espace-temps suspendu. Elle me permet de porter une vision, un point de vue subtilement amené le long d’un parcours. La ânerie du promeneur solitaire devient pédagogie.

Aujourd’hui, je n’ai pas développé d’appétence en scénographie théâtrale
ou événementielle car l’éphémère ne m’attire pas. Et pourtant, je ne refuserai jamais une mise en scène de ballet. Je vous laisse découvrir
la mise en scène de l’English National Ballet « Broken wings » sur la vie de Frida Kahlo, par Annabelle Lopez Ochoa & Nancy Meckler, qui est époustouflante.

L’ancrage culturel est ce qui m’importe. La transmission du savoir est essentielle. C’est pourquoi j’ai animé cette année un atelier scénographie avec les masters I & II de l’école de design d’espace de Limart, Ynov Campus
des Chartrons à Bordeaux. Nous avons partagé de beaux univers narratifs.

J’ai toujours peur de m’ennuyer, j’assume également la Vice-présidence de l’association Femmes Chefs d’Entreprises Bordeaux Gironde qui porte les valeurs de solidarité, partage et engagement entrepreneurial.

Aujourd’hui architecte, scénographe, enseignante et demain qui sait ?

540. n°50 - printemps 2021