« Les OAP, une vision collective »

Christophe BOURIETTE

Entretien avec Christophe BOURIETTE, architecte et urbaniste.
Propos recueillis par Benoît HERMET, journaliste.

Qu’est-ce qu’une Orientation d’Aménagement et de Programmation (OAP) ?

Les OAP sont intégrées dans les Plans locaux d’urbanisme où elles définissent les stratégies et les conditions de faisabilité des projets. Les OAP de secteurs concernent les zones potentiellement urbanisables avec de forts enjeux, où l’intérêt général doit être préservé par le respect du contexte paysager, d’une densité raisonnée, des continuités d’espaces publics. Les OAP thématiques se développent ces dernières années à l’échelle de territoires plus grands. Il en existe à Grenoble ou Nantes et leurs sujets sont transversaux comme Air-Climat-Énergie, Paysage & Biodiversité.

Pour quelles missions intervenez-vous sur ces sujets ?

Les demandes relatives aux OAP émanent des collectivités. En tant qu’architecte-urbaniste, avec mon associée paysagiste Marion Vaconsin, nous avons des approches complémentaires. Nous élaborons en ce moment plusieurs OAP bioclimatiques à Bayonne, dans un secteur où la municipalité veut préserver un urbanisme et une architecture de qualité, avec des hauteurs maîtrisées, un nombre de logements raisonnable, des cœurs d’îlots plantés, des espaces publics de proximité…

Quel est l’intérêt d’une OAP par rapport au PADD et au règlement du PLU/PLUi ?

Le PADD porte une vision globale, le règlement est un outil très précis à l’échelle des parcelles. Les OAP sont importantes car elles représentent un chaînon intermédiaire. Elles défendent sur un secteur ou une thématique des ambitions de qualité de vie avec une logique d’ensemble. L’OAP tente de réguler la pression foncière par des principes de composition valorisant l’orientation des bâtiments, les vues, les trames vertes et bleues, le paysage. La difficulté est de trouver le bon équilibre entre l’exigence souhaitée et la latitude laissée aux architectes et paysagistes qui vont concevoir les projets.

Comment les architectes peuvent-ils se saisir davantage de ces outils ?

En tant qu’architecte-urbaniste, je crée un cadre négocié au préalable avec les élus pour que mes confrères dessinent leurs projets dans les meilleures conditions. L’OAP représente ainsi la trame d’une œuvre collective. Elle articule les projets entre eux, organise les relations entre le bâti et le non bâti, les traversées, les porosités… Et les architectes sont là pour donner corps à cette trame, au bénéfice des habitants !

N°56 - automne 2022