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Le BIM (Building Information Modelling), est une méthode de travail collaborative qui s’articule autour d’une maquette numérique 3D réalisée avec des logiciels de CAO déjà bien connus des architectes (AutoCAD Revit, ArchiCAD, Vector Works, etc). L’une de ses particularités est le format d’échange standard IFC (1) : il permet à tous les intervenants de compléter le projet quel que soit leur logiciel et de rendre cette maquette collaborative.

Le BIM, une nouvelle révolution.

Olivier LECLERCQ, Architecte, élu au Conseil Régional d’île-de-France

Plus de temps et de précisions

L’intérêt de cette méthode de travail est le gain de temps et de précision. Si la mise en place de cette maquette 3D nécessite plus de temps en amont, il est très vite rattrapé par la suite, en particulier lorsque les projets subissent de nombreuses modifications. Elle permet également de garder un contrôle sur la synthèse des projets complexes et de rester maître du résultat architectural. Pour l’architecte, passer moins de temps à modifier sans cesse les plans, c’est plus de temps consacré à l’architecture et au développement de son agence.

Un travail collaboratif

En phase APD ou DCE, l’architecte dessine le model 3D. Chaque plan, coupe, élévation est généré d’après ce modèle. À chaque modification, toutes les pièces graphiques se mettent à jour simultanément. En parallèle, les différents bureaux d’études y dessinent leurs réseaux, apportent des précisions sur la structure, l’acoustique, les VRD…
En phase chantier, c’est au tour des entreprises d’y détailler leurs ouvrages : structure, façades, bardages, mur rideau, couverture, canalisations, gaines, etc. Les industriels proposent déjà des « objets BIM » de leurs produits à insérer dans le modèle. La composition du modèle par les différents intervenants prend l’effet d’un avancement virtuel du chantier et anticipe les problèmes. Sur certains projets complexes, un BIM manager coordonne le travail collaboratif.

Passer au BIM
Aujourd’hui, presque toutes les agences sont déjà équipées de logiciels informatique 3D. Le passage au BIM peut donc se faire en douceur. L’investissement n’est pas si important (mise à jour des logiciels de CAO, 3 à 5 jours de formation), mais il implique une modification des méthodes de travail.

Pour que l’architecte reste maître du projet
Bon nombre d’entreprises sont déjà passées aux études d’EXE en 3D, voire au BIM. Elles y ont très vite vu l’intérêt financier et organisationnel. Nous devons rester maîtres du dessin, et plus particulièrement de la maquette 3D, au risque d’être relégués au niveau de « contrôleur qualité » et pris en otage par des entreprises souvent plus puissantes. Les artisans et petites entreprises ne s’y sont pas encore attelées mais sont demandeurs d’une étude du projet bien pensée. La rigueur du BIM est bénéfique à toutes les échelles et permet une étude collaborative fructueuse avec un client privé.
Le passage du rotring à l’ordinateur a été aussi important que le passage au BIM aujourd’hui. Il faut désacraliser ce nouvel épouvantail car son but n’est pas d’imposer à l’architecte une contrainte supplémentaire, mais de tirer partie, lui aussi, des avancées de l’ère numérique.

(1) IFC : Industry Fundation Classes. Format de fichier utilisé dans le bâtiment pour échanger ou partager des informations entre logiciels.-

n°23 printemps 2014 (03)