profession

être architecte au pays de Cromagnon

pierre servier et marc capponi , architectes dplg en dordogne

De temps immémoriaux l’homme a vécu dans nos magnifiques contrées de la Dordogne, pays aux mille châteaux, développant son habitat au cours des âges, expérimentant toutes les ressources naturelles et les différents modes d’habitat, villages et habitat de plein air, abri sous roche, habitat troglodyte…En nous installant dans notre pays nous avions le désir de poursuivre ce grand œuvre, des idées plein la tête, dans l’esprit de notre belle devise nationale :

Liberté, de travailler où nous le désirions

Égalité, d’offrir nos services pour tous, aisés ou moins aisés, public ou privé

Fraternité, en intégrant cette confrérie de bâtisseurs, tutoyant nos pairs

Plus de quinze ans se sont écoulés… La crise est là… Les désillusions aussi…

Que reste-t-il de notre liberté ?

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Factice, elle coûte cher, très cher.
Quelle somme doit-on déposer au début de chaque mois sur la table « à dessin » pour espérer travailler ?

Et l’Égalité ?

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Réalité oblige, les choix économiques s’opèrent délaissant sur le chemin celui qui a peu de moyens, laissant place libre aux pavillonneurs, « aux traders » de l’espace de tout poil dont la seule finalité est la « marge ».

Et la fraternité ?

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Une belle utopie. La confraternité n’est qu’apparence, car avant tout nous sommes des concurrents, jetés dans l’arène du marché de la construction. Au travers du jeu de la mise en concurrence chacun se transforme, devenant tour à tour proie ou prédateur.

Une lutte fratricide orchestrée par certains maîtres d’ouvrages aux allocutions charmeuses et aux actes destructeurs voire meurtriers car peu soucieux de savoir s’il y aura un lendemain pour ces prestataires.
Une lutte qui aura pour unique conséquence l’extinction de la profession d’architecte.

Quel intérêt pour certains anciens représentants de la profession de faire le jeu de la maîtrise d’ouvrage en proposant des taux d’honoraires qui mettent en péril l’ensemble du système économique, si ce n’est éliminer « à tout prix » le confrère gênant au nom de la sacro-sainte concurrence ?
N’avons-nous pas l’interdiction de travailler à perte ?

Est-il légitime de proposer pour des prestations règlementées, des prix horaires égaux voire inférieurs au coût horaire du SMIC ?
Chers confrères, quelle valeur accordez-vous à votre diplôme ?
Quelle éthique vous anime ?

Ne devrions-nous pas nous unir pour montrer la force de notre profession et retrouver le respect que nous nous devons ?

Arrêtons de brader notre travail !

Respectez-vous !

Respectez vos pairs !

Alors on vous respectera !

n°10 spécial dordogne - mars 2011