Hommage

Hommage à Serge Bottarelli

Olivier Brochet architecte (agence BLP) et enseignant

Ce que nous avons appris de Serge Bottarelli, il nous l’a donné, avec générosité et élégance ; l’amour du métier, la déontologie, le respect de l’autre, la confraternité, l’humanité, nécessaire plus que jamais à l’exercice de notre métier, et qui en fonde l’essentiel… L’humanité, qui fait parfois défaut dans notre profession soumise aux forces brutales de l’argent et du profit, il nous en avait pétris.

Pinasse, Botticelli, Bottuce, Botta, Serge…
Oui, Pinasse, nos parents, ses amis de l’atelier du début, se souviennent tous d’un être à la gentillesse majuscule, de sa fidélité au patron Claude Ferret, à qui il succédera à l’école pour enseigner à ma génération…, il mettait la main à la pâte pour aider les plus charrettes, le dimanche à l’atelier, arrivant avec sa boîte de gouaches, le chapeau, le nœud papillon, rapide au croquis, à l’aise du pinceau… Botticelli, merci Bottucce…

Plus tard, jeune enseignant, j’ai œuvré à ses côtés, je le vouvoyais, il me tutoyait… Il était en opposition à une école, dont il estimait qu’elle déclinait vers moins de présence de l’Architecture.

Les dirigeants de l’époque lui ont collé deux nouveaux enseignants dans les jambes, Jacques Hondelatte et moi, en pensant «  ces deux trublions vont lui régler son compte  ». Les anciens contre les modernes… les jeunes vont tuer le père. Je n’ai jamais eu la tentation de tuer le père Botta et nous l’avons clairement laissé à sa place majeure pour un deuxième souffle, pour former ensemble Jacques, Serge et moi une nouvelle façon d’enseigner : ce fut le trio du C17.

Les étudiants de cette époque, se souviennent du mélange fertile entre deux générations. L’enseignement était en atelier. Serge Bottarelli y régnait en vieux sage, ouvrant ses anciens livres sous les yeux des futurs architectes, en complément du papier glacé des revues, porteuses de la dernière mode et de la culture immédiate.

Il apportait dans l’atelier la continuité, la stabilité, une forme de paternité, la main sur l’épaule de l’étudiant.

L’enseignant nous a donné tout son temps, mais, entre deux séances d’ateliers, l’architecte construisait en poète. Après les murs colorés désormais effacés du Grand Parc, et ses fresques abandonnées, il nous reste quelques pépites :

Une chenille verte qui serpente tout en attention aux usages des tout-petits, à leur éveil au monde des formes, et à la vie en commun.

Bombannes, qu’il a rêvé en habitat modulaire en bois issu de l‘observation méticuleuse de la pomme de pin et de sa structure d’écailles en spirale, en précurseur des habitats écologiques d’aujourd’hui.

Oui l’Architecte-Enseignant qu’il fut compte pour trois générations d’architectes. Il nous a toujours laissés libres : libres de trouver notre propre créativité, nous surveillant à juste distance… Il fut cet enseignant, plein d’indulgence pour les effets de manche de la jeunesse, à l’opposé de ceux, dogmatiques, qui dirigent et formatent.

C’est ainsi que l’école bordelaise a su conserver sa personnalité spécifique…

Pour votre part prise à cela, et pour tout le temps que vous nous avez consacré.

Merci Monsieur Bottarelli.

Serge Bottarelli a également présidé le Conseil de l’Ordre d’Aquitaine de 1986 à 1990.

308-27 - printemps 2015 - version pdf
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