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Matière à réflexion.

Laurent VILETTE, architecte.

«  Le jour où pareille démarche paraîtra totalement naturelle, sera close la parenthèse historique sans réemploi qui symbolise l’époque actuelle  » Julien Chopin et Nicolas Delon

Le devenir des matériaux de construction après la démolition des bâtiments génère aujourd’hui deux réponses.

La première en fait des déchets sans valeur qu’il convient de stocker ou détruire d’une manière ou d’une autre pour les faire «  disparaître  ». La seconde, voyant bien les limites de la première, propose le recyclage pour produire de nouveaux matériaux neufs prêts à l’emploi (le même ou un autre), avec la vague croyance d’avoir trouvé la solution miracle.

Dans le domaine du bâtiment, cette logique vertueuse a trouvé sa trajectoire économique de masse et s’est fortement développée depuis quinze ans à commencer par la mise en place du tri sur les chantiers. On voit bien toutefois que le recyclage ne résout pas tout, le procédé demeurant notamment fortement consommateur d’énergie.

Le temps est peut-être venu de le compléter par le développement d’une troisième solution, celle contre laquelle la société consumériste s’est édifiée : le réemploi des matériaux.

Il y a un an se tenait au Pavillon de l’Arsenal à Paris l’exposition «  Matière grise  ». Son très beau catalogue toujours édité est une invitation à un premier réemploi, celui de la matière à réflexion rassemblée pour l’occasion. Il s’adresse à tous les acteurs de la construction, qu’ils soient décideurs, constructeurs, concepteurs, producteurs, contrôleurs, assureurs, etc. La table des matières du catalogue articulée en deux parties «  Moins de matière grise  » et «  Plus de matière grise  », propose un vaste panorama introductif aux questions et aux très nombreuses propositions que suscite d’ores et déjà l’exploration du sujet.

La lecture suggère qu’un temps est passé.Au fil des pages, les très beaux projets des «  pionniers  », que l’on a pu voir dans les revues d’architecture depuis vingt ans, ici pour une maison, là pour un cirque, deviennent des logements collectifs ou des bureaux, en passant par les façades d’une dizaine d’étages du nouveau siège du Conseil de l’Union Européenne (avec les contraintes liées à un programme de cette échelle…).

Les nombreuses contributions compilées ici nous disent que les solutions aux difficultés viennent quand on les cherche. Cette lecture est un pas dans ce sens.

L’exposition sera à nouveau visible l’été prochain au 308 à Bordeaux, dans le cadre du cycle «  Matières  » proposé par la Maison de l’Architecture d’Aquitaine. Elle prendra place dans une programmation de cinq mois (expositions, conférences, formations, visites, workshop, ateliers pédagogiques, etc.) consacrée à l’écologie de la construction.

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