cultures

L’architecte et l’artisan

Frédéric MARTINET, architecte et étienne CHAMINADE, gérant / maçon de l’entreprise SD Batgo. Interview par Patrick Vettier, architecte.

Les JNA/JPO sont une belle opportunité de parler d’architecture contemporaine
avec ceux qui la portent, à commencer par les architectes, si chacun d’eux veut bien se donner la peine d’y adhérer de la manière qui lui semblera la plus pertinente voire la plus démonstrative.
Frédéric Martinet architecte de l’agence FMAU à La ?Rochelle, a proposé à la ville de Limoges d’animer une conférence et une visite d’un chantier en cours. Public visé : les collégiens.
Il nous présente dans cet échange, ses principales motivations.

Quel intérêt à aborder ce sujet ?
C’est un sujet sous-jacent dans la production de l’agence FMAU. Nous considérons que le projet architectural est un organisme vivant enrichi de l’expérience du chantier.

FMAU produit une architecture d’une « banale radicalité » qui fait appel à une connaissance des savoir-faire locaux conditionnés par une continuité historique des techniques.

L’architecte sans l’artisan et le maître d’ouvrage n’est rien. C’est un trio ou la relation architecte/maître d’ouvrage est mise en avant. La question constructive est abordée d’un point de vue technique, ne prenant pas en compte les savoir-faire. La relation architecte/artisan est tout aussi importante.

J’ai proposé cette conférence à Étienne Chaminade, gérant/maçon de l’entreprise SD Batgo, au travers d’un projet de rénovation de logements sociaux à Limoges en site occupé. C’est un projet non spectaculaire, d’une grande technicité, aux enjeux majeurs pour les habitants.

Avec l’évolution des pratiques, les entreprises manquent de savoir-faire. Or les architectes, ont besoin de ces compétences et ont donc un rôle de pédagogie à jouer auprès des acteurs publics et privés pour expliquer notamment, que la culture du moins-disant va produire une perte de savoir-faire avec un risque accru de sinistres et de malfaçons.

L’objet de cette conférence est double : expliquer par ce projet de rénovation la nécessité de savoir-faire, de montrer à quel point les métiers du BTP sont divers et susciter des vocations. L’autre volet est de valoriser ces savoir-faire.

Pourquoi avoir choisi de le présenter à Limoges ?
Le projet se situe à Limoges. Le Limousin dispose encore de TPE-PME et d’entreprises familiales du bâtiment.

Quelle en sera la forme ?
— une conférence publique orientée vers les collégiens de 3e.
— une visite du chantier où l’entreprise évoquera son métier.

À qui s’adressera ton propos ?
À tous les amoureux de l’acte de bâtir qui veulent être utiles à leurs contemporains.

Une nécessité d’évoquer son métier et sa pratique publiquement ?
C’est essentiel, encore plus pour l’architecture du quotidien.

La revendication d’un engagement sociétal pour un cadre bâti responsable en prise avec son époque ?
Agir avec les projets sur lesquels on travaille et les conditions de ce travail ou chaque acteur compte.

Une opportunité commerciale ?
FMAU s’inscrit dans une posture de réflexion collective et de transmission. S’il y a un bénéfice, il est pour toute la profession.

1 Pierre CHABARD « S’ingénier à l’ingénu » darchitectures.com, mai 2017.

n°44 - automne 2019
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