urbanisme

Extension du domaine de l’urbanisme

Vincent Arné, architecte

Frédéric Bonnet, recevait lundi 15 décembre le grand prix de l’urbanisme 2014. À plus d’un titre, il s’agit d’une nouvelle réjouissante. Dans le contexte politique et économique actuel, ce titre récompense vingt ans de pratique exemplaire au service de territoires souvent dévalorisés.

Co-fondateur d’Obras avec Marc Bigarnet, d’abord enseignant à Clermont-Ferrand, puis actuellement à Mendrisio en Suisse et à Marne-la-Vallée, sa pratique s’est bâtie autour de quatre points cardinaux, profondément interconnectés.

• Territoire moteur dans le projet : Ce mot fait sens dans la mesure où il regroupe des notions de politique (co-construction), de gestion de ressources (qu’elles soient économiques, naturelles ou intellectuelles), de géographie, qui relient l’ensemble des notions qui suivent.

• Engagement : foi dans l’action politique ancrée, génératrice d’une détermination et d’une exigence dirigée vers ceux qui en ont le plus besoin. Il porte en effet un regard fondamentalement bienveillant sur les choses, les lieux et les gens qui les peuplent. À ce titre, l’exigence et l’énergie mises dans les projets, irradient au sein de l’agence, et dans l’enseignement qu’il diffuse.

• Enseignement : développement d’une culture du lieu, compréhension du milieu dans lequel on intervient à grande échelle et questionnement intellectuel perpétuel, alimenté par un mélange de confiance dans l’action menée et un doute permanent qui pousse à se dépasser.

• Curiosité insatiable : Frédéric Bonnet est un hyper actif, boulimique culturel, il ne cesse de chercher, de classer, d’interroger les modes de production de la culture tous azimuts, avec une prédilection pour la Finlande.

Frédéric Bonnet dessine énormément.
C’est un dessin fin, économe et très clair dans ce qu’il représente. Cet outil à la fois banal dans notre métier et de plus en plus rare, diffuse dans toute la production de l’agence et au-delà. Il est à la croisée de deux éléments fondamentaux : la compréhension de ce que l’on représente et le temps incompressible nécessaire à la matérialisation correcte de ce qui va être proposé et réalisé. Le dessin remet les choses à leur place en ce qu’il reste suffisamment succinct pour laisser place à l’imaginaire, et qu’il concrétise les choses importantes de manière détaillée pour être un support de travail concret et essentiel. La production de Frédéric Bonnet est incarnée, en ce qu’elle refuse l’immatérialité et qu’elle donne sa place au temps, ce qui, au vu de la compression toujours plus grande des délais de commande liée au calendrier politique, demande du coup énormément de travail.

Quand on sait combien l’ancrage au territoire et les alternatives à la mondialisation sont actuellement à la base d’un questionnement sur les manières de produire. Il est particulièrement positif de récompenser quelqu’un dont le travail est ancré dans la ruralité, qui valorise les productions locales et qui fait école là où il passe.

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