cultures

25 ans d’architecture à Vassivière.

Vassivière ou l’infra-architecture.

Xavier Fabre, associé à Aldo Rossi, architectes.

Le Centre d’Art de Vassivière constitue une œuvre en marge et en résistance dans l’histoire de l’architecture contemporaine qui énonce avec clarté les conceptions d’Aldo Rossi.

Oeuvre en marge, car elle répond à une situation (décentralisation extrême) et un programme à inventer dans la lignée des lieux culturels en résistance, parce qu’elle s’oppose aux conventions habituelles des espaces neutres d’exposition et des effets d’architecture de style moderne.

Initié à partir du programme ouvert établi par Dominique Marchés, le travail commun de conception va s’engager très rapidement avec Aldo Rossi, à partir de deux figures croisées avec le site, un mur habité et un phare. L’idée du phare relie la qualité du site, avec l’usage de point de vue sur les œuvres du parc.

Trois thématiques de conceptions du projet.
→ un musée qui n’en est pas un, une œuvre vide qui se remplit temporairement d’œuvre d’art, un phare et une galerie qui initient un parcours de l’œil et du pas.
→ un phare qui prend source au seuil de la colline, signe le statut d’île, tour conique-puits à laquelle est associé un aqueduc.
→ la figure du pont du Gard est à l’origine des rythmes du dessin et de la conception d’une ruine transformée et habitée. Elle va constituer la trame essentielle du projet.

Le projet se construit en dialectique entre les imaginaires du site et de l’usage. - la construction n’offre qu’un support permanent bien que provisoire, aux variations des usages. Elle en constitue l’infrastructure mémorielle.
→ loin des principes du fonctionnalisme, l’édifice n’est qu’un cadre typologique qui permet la variation de ses utilisations dans le temps.
→ en cela, l’édifice ouvre à une conception plus large de l’usage, qui l’englobe et le dépasse, en quelques sortes et d’une certaine façon, le sublime. L’architecture comme infrastructure.

Dans le fameux dessin collectif intitulé la « citta analoga » et qui vient illustrer un projet entrepris pour les remparts de Bellinzona, les architectures appelées en références constituent presque toutes des morceaux d’infrastructure de la ville. Topographies, Plans réguliers, remparts, exaspération des pilotis du Gallaratese, quadrillage de Monza, cimetière de Modène... Détails de formes géométriques premières associées à un ordre de frise de Vignole, sur un fond d’analyse urbaine à rez-de-chaussée de Padoue... La force de l’architecture semble bien provenir de sa valeur d’infrastructure, de sa qualité à construire la ville durablement, au-delà de toute valeur temporaire de l’usage.

La force principale du projet de Vassivière provient, vraisemblablement, de cette qualité infrastructurelle, qui en fait un trait porteur d’œuvres dans le paysage et cherche à résumer la forme à cet unique objectif... Et pour longtemps.

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